Serons-nous les défenseurs nostalgiques d’un monde évanoui, ou, conjuguant nos talents et nos rêves avec d’autres, deviendrons-nous les artisans de l’espérance de l’humanité ?
On accuse aisément – et à raison – le capitalisme d’être le responsable du « tout, tout de suite », parce qu’il cherche le profit le plus facile et le plus immédiat. Malheureusement, les systèmes démocratiques eux aussi favorisent les calculs à court terme. La rapidité des échéances électorales ne donne pas le temps d’installer des politiques de longue haleine et les citoyens et citoyennes, se comportant comme des clients exigeants de leurs dirigeants, veulent que le service leur soit rendu immédiatement. Les entreprises comme les citoyens veulent du « retour sur investissement » rapide. Le thatchérisme honni a conquis les esprits – « I want my money back! » (« Rendez-moi mon argent ! ») – et le trumpisme prend désormais le relais. « You’re fired! » (« Vous êtes virés ! ») disons-nous à ceux qui nous dirigent et contrarient nos désirs.
Dans ces logiques disparaissent le bien public, l’intérêt général et la protection des « communs », ces biens qui sont à tous et dont nous sommes collectivement responsables : air, eau, espace, environnement naturel et social.
Face au monde qui vient et qui est déjà là, si la menace est écologique et climatique, le principal défi est démocratique. « Qu’est-ce que nous attendons ? » peut aussi signifier « Qu’est-ce que nous espérons ? » Peut-être devrions-nous, pour affronter les grands enjeux environnementaux, déployer une grande utopie, un grand rêve commun, une grande espérance. Là, le processus démocratique redevient indispensable. Il permet d’élaborer ensemble et par le débat cet horizon partagé. Cela suffira-t-il à transformer nos désirs, si contradictoires, en espérance commune ? C’est une question que les chrétiens que nous sommes devraient se poser. Serons-nous les défenseurs nostalgiques d’un monde évanoui, ou, conjuguant nos talents et nos rêves avec d’autres, deviendrons-nous les artisans de l’espérance de l’humanité ?
Christine Pedotti
Une grande espérance à inventer : une seule Terre, une seule humanité, un seul Esprit en chaque être humain. C’est parce que chaque être humain est temple de l’Esprit qu’il est sacré ; c’est la prise de conscience de cette commune humanité qui nous exhaussera au-dessus des traditions et des nations ; c’est la conscience de notre interdépendance qui « sauvera » l’humanité et la maison commune.