Au début de tout, la confiance : voilà le thème retenu par les organisateurs de la grande rencontre islamo-chrétienne qui aura lieu dimanche 6 février à Paris, à l’église Saint-Sulpice. Des centaines de chrétiens et de musulmans, venus de toute l’Île-de-France, sont attendus pour participer à cette célébration, qui comprendra des lectures croisées de l’Évangile et du Coran, des méditations, des témoignages, une invocation commune, un geste symbolique et des chants interprétés par un chœur de jeunes, chrétiens et musulmans, formé pour l’occasion. L’écrivaine Karima Berger et le prêtre du diocèse de Lyon Christian Delorme apporteront leur témoignage.
Initiée par le mouvement Ensemble avec Marie – qui organise depuis sept ans des rencontres islamo-chrétiennes –, cette manifestation autour de la mère de Jésus a reçu le soutien de nombreuses associations franciliennes engagées dans le dialogue interreligieux, telles que les Scouts et Guides de France, les Scouts musulmans de France ou le Secours catholique. « Citée à trente-quatre reprises dans le Coran, Marie est un trait d’union entre chrétiens et musulmans, affirme Gérard Testard, l’un des organisateurs. Elle nous permet de nous rassembler au-delà de nos différences pour manifester notre désir de bâtir un monde fondé sur la confiance et sur le respect de chacun. »
La rencontre de Saint-Sulpice entend s’inscrire dans le cadre de la Journée internationale de la fraternité humaine, célébrée par l’Onu le 4 février, jour anniversaire de la signature du « Document pour la fraternité humaine » par le pape François et le grand imam Ahmed el-Tayeb en 2019. Suivie d’un forum rassemblant une trentaine d’associations engagées dans la culture du dialogue, cette célébration aura une portée symbolique évidente : Saint-Sulpice n’est pas seulement la plus grande église de la capitale – en nombre de places –, c’est aussi le lieu du Congrès Mission, le « salon national de l’évangélisation », qui rassemble, entre autres, des associations au prosélytisme exacerbé, comme Mission Ismérie ou Jésus le Messie, qui se font une spécialité de convertir les musulmans au christianisme. Certaines d’entre elles, épousant les thèses d’extrême droite sur les risques d’un « grand remplacement », se sont engagées dans une véritable croisade spirituelle, espérant ainsi juguler la présence d’une religion qu’elles jugent « expansionniste ».
Une démarche bien éloignée de celle du mouvement Ensemble avec Marie, qui refuse à la fois tout syncrétisme et tout prosélytisme. Signe encourageant : des responsables de la Grande Mosquée de Paris, des membres de la communauté de Taizé installés à Pantin ou l’administrateur apostolique du diocèse de Paris, Georges Pontier, ancien archevêque de Marseille et ex-président de la Conférence des évêques de France, ont exprimé leur intention de participer à cette rencontre, qui s’annonce déjà comme un grand moment de fraternité et de spiritualité.
Laurent Grzybowski