À la veille du premier tour des élections présidentielles, notre préoccupation devrait être, avant tout, de voter. Nous qui avons le privilège – finalement rare, rapporté à l’ensemble des États du monde – de vivre dans une véritable démocratie avons le devoir d’user de ce droit. Rien ne justifie de s’abstenir. On peut souhaiter des modifications constitutionnelles, regretter que les candidats et candidates ne représentent pas suffisamment nos aspirations, et même ne pas les aimer… Peu importe. La démocratie est trop fragile et trop précieuse pour que nous la boudions. Alors, votez, votez et votez. Votez pour qui vous voulez, avec enthousiasme ou regret, en étant pragmatique, idéaliste ou stratège, mais votez.
Votez d’autant plus qu’aujourd’hui une guerre atroce ensanglante l’Ukraine parce qu’un potentat sans foi ni loi, au mépris de son propre peuple, de la vérité et de la liberté, veut écraser un peuple frère et voisin qui ne demandait qu’à vivre libre en expérimentant un régime démocratique.
Depuis dimanche, les images des villes et villages libérés par les Ukrainiens aux environs de Kiev montrent le visage hideux d’une guerre criminelle. Aucune guerre n’est propre, mais même la guerre a des lois. Les soldats se battent contre les soldats, les armes contre les armes. Les civils, les femmes, les enfants, les prisonniers, les blessés, les hôpitaux, les écoles… ne sont pas des cibles. Les ignominies que nous découvrons montrent à quel point l’armée russe est sans règles, sans loi. La chaîne de commandement, de la tête à la base, est infectée par le délire criminel de son chef ; pourquoi s’abstenir de tirer comme vulgaire gibier des civils à vélo, ou d’écraser comme des nuisibles des automobiles et leurs passagers, quand des bombes sont larguées sur un théâtre où sont réfugiés des femmes et des enfants alors que d’immenses lettres blanches le désignent comme asile ? Ces crimes dits « de guerre », sont des crimes contre l’humanité de ceux qui les subissent mais aussi de ceux qui les commettent. N’ayons pas honte de pleurer pour demeurer humains. Cherchons aussi la force de refuser la haine… Et, puisque nous allons voter, choisissons aussi de voter contre la haine.
Christine Pedotti