Le réalisateur et scénariste des Témoins de Lendsdorf, Amichai Greenberg, a voulu faire de cette tragédie un thriller qui respecte les faits : les témoignages des Autrichiens sont ceux des villageois impliqués dans le silence des habitants de la région de Rechnitz. Pendant les repérages dans des villages autrichiens isolés, le cinéaste est tombé sur des plaques commémoratives en hommage aux soldats nazis qui avaient été fraîchement ornées…
Le film s’ouvre sur un homme cheminant dans la campagne autrichienne. C’est un historien israélien (interprété par Ori Pfeffer), que nous retrouvons lors d’une téléconférence au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. Au cours de cette réunion, les autorités autrichiennes imposent à l’historien responsable des recherches un délai raccourci pour retrouver les traces du charnier car la construction d’un ensemble immobilier doit démarrer dans ce vaste paysage où se trouve quelque part la fosse commune. À travers les méandres de l’administration autrichienne, le réalisateur explore la volonté de jeter un voile sur le passé et la tentation révisionniste de certains responsables.
Quand on lui demande quel message il voudrait transmettre avec son film, il répond : « Si je me limite à un seul, c’est l’importance de nos origines. Mon père n’avait que sept ans quand il a dû fuir. Aujourd’hui, dans le cadre du Brexit ou de la Catalogne, on est vite proche de la xénophobie. Aucun extrême ne fonctionne. L’objectif est que nous puissions vivre ensemble. »
À la suite de la projection des Témoins de Lendsdorf, en décembre 2017, en Israël, en présence de l’ambassadeur d’Autriche, le gouvernement autrichien a décidé de laisser les recherches se poursuivre.
François QUENIN
Les Témoins de Lendsdorf, d’Amichai Greenberg, 1 h 35, en salle
Photo : Alexandre Chassignon (CC BY-SA 2.0)