La course des deux savants

C’est le moment ou jamais de regarder un documentaire en replay sur Arte, Pasteur et Koch : un duel de géants dans le monde des microbes. On sait que ces hommes de science, l’un professeur de chimie, l’autre médecin de campagne, ont découvert ces micro-organismes qui nous veulent du mal. Le réalisateur Mathieu Schwartz a rassemblé des documents, filmé des reconstitutions et imaginé des scènes pour raconter le combat à distance de ces modestes chercheurs qui sont devenus en quelques années, de 1876 à 1885, des géants. Robert Koch (Pierre Hiessler), la trentaine, est médecin généraliste dans une petite ville de Prusse. Son travail le met en contact avec des paysans dont les troupeaux sont décimés par la maladie du charbon. Intrigué et curieux, Koch finit par découvrir, en 1876, une bactérie à l’origine de cette maladie. C’est la première fois au monde qu’on découvre qu’une maladie est transmise par un microbe. En France, Louis Pasteur (Patrick Bonnel) avait eu l’intuition de l’existence de ces micro-organismes grâce à ses travaux sur la fermentation, qui l’avaient fait connaître. Mais c’est Koch qui en fait l’expérimentation. Vexé, Pasteur, qui déteste les Allemands depuis l’annexion de l’Alsace-Lorraine, et qui vient de prendre sa retraite de professeur à 50 ans, a le temps d’affiner les résultats de Koch en inoculant en 1881 une forme atténuée de la maladie à une cinquantaine de moutons, qui restent sains, tandis que les cinquante qu’il n’a pas piqués périssent. Le principe de la vaccination est né, sous les applaudissements des cercles scientifiques. Lors du congrès médical d’août 1881 à Londres, Pasteur « oublie » de mentionner que c’est Koch qui l’a inspiré. Celui-ci, qui a quitté sa petite ville pour un poste prestigieux à Berlin, accélère ses recherches et découvre en mars 1882 le bacille de la tuberculose, qui va porter son nom. De son côté, Pasteur entreprend de traquer un organisme encore plus petit qu’un microbe, invisible au microscope de cette époque et que l’on pourra voir seulement avec un microscope électronique en 1935. Il s’agit d’un virus, celui de la rage, qui est mortel et provoque d’atroces souffrances. Pasteur vaccine en juillet 1885 un garçon de 9 ans, Joseph Meister, mordu par un chien enragé. Quant à Robert Koch, il accélère la mise au point d’un médicament contre la tuberculose. Las, il est allé trop vite et sa tuberculine s’avère inefficace. Cette course d’egos, brillamment racontée par Mathieu Schwartz, ne trouve-t-elle pas des échos aujourd’hui ?

François Quenin

Pasteur et Koch : un duel de géants dans le monde des microbes, de Mathieu Schwartz, 1 h 35, en replay sur Arte.tv jusqu’au 19 avril.

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