Espérez ! Manifeste pour la renaissance du christianisme

Le constat est sans appel : la France et plus largement les pays dits « développés » assistent à un effondrement profond et continu du système religieux chrétien, de la crédibilité de sa proposition de sens, de son offre de rites et de la pratique religieuse afférente. À quoi s’ajoute l’impasse du recrutement du personnel religieux, du moins dans le catholicisme, qui demeure la part centrale du christianisme. On sait que les autorités romaines se « consolent » en soutenant que le cœur battant du catholicisme s’est déplacé vers d’autres parties du monde. C’est loin d’être exact. Le catholicisme perd sa place historique en Amérique latine. En Afrique, il est rongé par la corruption et la prévarication. Tout au plus trouve-t-on des signes de dynamisme aux Philippines ou au Vietnam… mais pour combien de temps ?

Faut-il alors conclure à la fin d’un monde ? Ou, pour le dire de façon brutale, faire le constat que le christianisme a « fait son temps ». C’est la question qu’Anne Soupa et moi-même avons voulu affronter sans tergiversations.

Depuis presque quinze années, nous n’avons pas épargné notre peine pour tenter de faire bouger le mastodonte « Église catholique ». Que demandions-nous ? Que l’émancipation des femmes soit accueillie comme une bonne nouvelle, soutenue, encouragée et reconnue comme un fruit évangélique ; que l’orientation sexuelle des personnes ne soit pas un objet de jugement ; que, dans le domaine de la gouvernance, le partage des responsabilités, la participation aux décisions qui concernent tout le monde se fassent dans le respect de normes démocratiques élevées et soient exemplaires d’un corps de frères et de sœurs rendus tels par Dieu lui-même. À ce prix, nous pensions que la source évangélique pourrait de nouveau irriguer ce monde en proie aux turbulences et aux angoisses.

Sommes-nous découragées ? Sans doute un peu. Mais nous n’avons rien perdu de notre conviction profonde, chevillée à l’âme, qui nous a fait donner notre foi à ce Jésus dont nous disons qu’il est Christ, c’est-à-dire dans une relation de parfaite intimité avec « Dieu ». Et de « Dieu », dont nous avons crainte de prononcer le nom, de peur de trop en dire, de l’enfermer dans nos pensées, dans nos mots, nos concepts, nous disons seulement qu’il est la conscience bienveillante, désirante, qui se penche sur l’humanité et lui dit : « Tu es précieuse et je t’aime. » (Isaïe 43, 4.)

C’est à cause de cette conviction que nous signons ce petit livre. En ces temps troubles, où l’avenir est sombre et brouillé, nous osons passer à l’impératif : « Espérez ! » Nous affirmons que l’espérance et le christianisme sont synonymes. La foi en la bienveillance de Dieu, loin de nous écarter de la réalité du monde et du sort commun de nos contemporains, nous y plonge avec la certitude que nous sommes rendus capables de faire face aux difficultés, capables de fraternité, et même capables de combattre le mal, l’injustice, la mort. Nous ne disons pas que le mal n’existe pas, au contraire. Nous savons qu’il nous traverse, et qu’il écrit une partie de l’histoire du monde. Mais nous professons qu’au bout de l’affaire ni le mal ni la mort n’auront le dernier mot. Habitées par cette espérance, comme les disciples d’Emmaüs, nous en avons le cœur tout brûlant et nous ne pouvons pas nous taire.

Christine Pedotti

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1 commentaire

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  • Le philistin

    Je pense qu’on peut se passer du haut clergé, de la curie romaine, de l’institution cléricale telle qu’elle est actuellement. On peut aussi se passer de son chantage permanent aux sacrements et de ses leçons de morale… Tout cela s’effondre en effet sous nos yeux. Que reste-t-il ? L’espérance ? Et bien pourquoi pas. Mais surtout loin « d’eux ».