Emmanuel et François, l’Europe en tête

Au Vatican et à l’Élysée, chacun affichait, la semaine dernière, une satisfaction de bon aloi. Pendant trois quarts d’heure, le 21 avril, le pape François et le président de la République Emmanuel Macron ont échangé sur le monde à construire après la pandémie. Et se sont retrouvés sur des positions communes, en particulier sur le rôle majeur que devrait jouer l’Europe. Depuis toujours, le pape, en homme du Sud, défend une vision multilatérale des relations internationales. Et, tropisme latino-américain oblige, il a aussi une méfiance à l’égard des États-Unis, renforcée sous Donald Trump. À l’Europe fortement éprouvée par la pandémie, François a confié, dans son urbi et orbi de Pâques, l’avenir du monde. Et, sur ce terrain comme sur la question de la dette et de la trêve mondiale, il a trouvé en Macron un allié. « Après la Seconde Guerre mondiale, ce continent a pu renaître grâce à un esprit concret de solidarité qui lui a permis de dépasser les rivalités du passé. […] Aujourd’hui, l’Union européenne fait face au défi du moment, dont dépendra, non seulement son avenir, mais celui du monde entier », a déclaré le pape, prônant des solutions innovantes.

La crise du coronavirus renouvelle son engagement européen. Il l’avait détaillé dans un discours fondateur, le 6 mai 2016, lors de la réception du prix Charlemagne. Deux cardinaux européens influents, l’Allemand Reinhard Marx et le Luxembourgeois Jean-Claude Hollerich, portent cette vision. Le second a succédé au premier, en mars 2018, à la tête de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece). Archevêque du Luxembourg, Hollerich, jésuite et ancien missionnaire au Japon – le destin que se rêvait Bergoglio – est l’un des prélats les plus écoutés par le pape. Le président de la Comece a même été fait cardinal à l’automne 2019. Dans la dernière livraison de La Civiltà Cattolica, la revue des jésuites dirigée par un autre intime du pape, Antonio Spadaro, l’archevêque du Luxembourg signe également un texte d’analyse sur l’Europe face à la pandémie. Pour Hollerich – et pour le pape – cette crise inaugure, d’une certaine manière, celles auxquelles l’humanité sera confrontée à cause du changement climatique. À bon entendeur…

Bernadette Sauvaget

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2 commentaires

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  • GIRARD

    Comment ne pas se rappeler le discours du Pape François à Strasbourg le 25/11/2014 devant le parlement européen. » L’heure est venue de construire une Europe non pas qui tourne autour de l’économie mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables, une Europe non pas effrayée et repliée sur elle-même, mais une Europe, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. Une Europe qui regarde, défends et protège l’homme. » Il est vraiment d’actualité.

  • Yves Junet

    Je me réjouis qu’avec François l’Eglise comprenne que l’Union Européenne est un pôle de stabilité dans un monde tourmenté. Sur ce point, le président de la République a une stratégie claire. Si elle pouvait se traduire dans la politique intérieure où la tactique politicienne brouille la stratégie globale, ce serait heureux !