Ici, on trouve une incroyable crèche provençale dont la centaine de personnages et les délicats décors envahissent le grand piano dans le salon ; la crèche affiche ses grades de tradition bourgeoise transmise de génération en génération. Gageons qu’enfants et petits-enfants se reconnaissent tous dans tel ou tel personnage qui est entré dans la joyeuse ronde lors de leur naissance. Là, on ne trouve que des personnages dépareillés, l’âne a la patte cassée et la tête de Joseph montre des bavures de la colle avec laquelle ont été réparées les conséquences d’une chute qui a failli lui être fatale.
Et, avec cette crèche de bric et de broc où on trouvera parfois quelques étranges santons amérindiens, c’est une autre histoire familiale qui s’écrit, une histoire davantage marquée par l’accueil des différences et par l’universalité. Parfois, on trouvera au pied du sapin une crèche de papier ou de carton, maladroitement découpés par une main enfantine et pieusement conservée depuis des années, à moins que ce ne soit des Playmobil avec leur coupe au bol et leur tête de robot, habillés en Marie, en Joseph et en bergers. Ici encore, graves et austères, quelques hauts personnages taillés dans un bois rare sont posés sur un tissu africain, témoins d’un ancien engagement en coopération internationale…
Mais, peu importe le style, la crèche reste dans nos maisons le lieu secret et mystérieux de Noël ; un mélange d’innocence et de naïveté, qui, quelle que soit sa forme, dit le vrai de ce qu’est Noël bien au-delà des ruissellements de lumières, de la débauche des cadeaux et du gros bonhomme rouge rigolard. Noël est un commencement, celui d’une minuscule vie dont on espère tout. En l’enfant de la crèche veillé par la petite cohorte des santons se concentre toute l’espérance du monde ; l’espérance que toute nouvelle vie qui vient redonne sa chance à notre vieux monde.
Ne boudons pas notre plaisir, faisons des crèches dans nos maisons et attendons le soir du 24 décembre pour déposer le nouveau-né dans son lit de paille, allumer une bougie, et nous laisser aller à sourire en retrouvant les joies de l’enfance dans l’espérance de l’avenir.
Christine Pedotti