La rentrée a sonné pour tout le monde, petits et grands et, même si la saison est encore douce, les feuilles commencent à roussir. Pour le gouvernement cette rentrée sonne la fin des premières fois, avec leur lot d’excitations et d’espoirs. En septembre de la deuxième année, le quinquennat macroniste entre dans le dur et dans l’ordinaire. La chute avérée de la popularité de l’exécutif le montre bien. Pour les Français et les Françaises, le tour de chauffe est terminé. D’une certaine façon, l’effondrement de la présidence dans les sondages est peut-être une bonne chose. Ramenée au niveau ordinaire des gouvernements précédents, l’équipe actuelle, n’ayant plus grand-chose à perdre, pourrait ne plus s’en soucier… Rêvons !
Comment faire de la politique face au vide ? Gouverner, au sens de faire fonctionner les structures de pouvoir et de décision, ne suffit pas.
Il reste que le bilan de cette première année met déjà en lumière beaucoup d’occasions perdues. Le programme qui a été présenté au pays était celui d’une orientation sociale-libérale. On est d’accord ou pas, mais encore faut-il qu’elle le soit, et le compte n’y est pas. Le gouvernement n’a pas osé avancer sur la cogestion des entreprises, il a reculé sur la politique de la ville, froissant bêtement des alliés aussi utiles que Laurent Berger et Jean-Louis Borloo. Sur la question migratoire, on est dans une valse-hésitation qui brouille le message, met en colère les associations et ne calme aucunement les populistes. Quelles seront les ambitions du plan pauvreté et du plan santé ? On attend de voir, mais rien de fort ne semble pour l’heure s’esquisser.
Et le pouvoir actuel a un autre problème, que nous avons souvent souligné. Il manque tragiquement d’opposition – d’une véritable opposition, construite, fondée. Les vitupérations mélenchoniennes n’y suffisent pas. Le Rassemblement national continue à bégayer sans retrouver de souffle. Wauquiez ne Trump que lui. Le reste de la droite ne sait pas où elle habite et le pauvre Olivier Faure, qui n’est pourtant pas sans qualités, réussit médiocrement à faire croire qu’il existe.
Dès lors, comment faire de la politique face au vide ? Gouverner, au sens de faire fonctionner les structures de pouvoir et de décision, ne suffit pas. Certes, les résultats de l’action ont de l’importance, mais le premier travail politique est de porter la vision d’un destin commun auquel un nombre suffisant de citoyens et de citoyennes souscrivent…
car l’homme et la femme ne vivent pas seulement de pain.
Christine PEDOTTI
Photo par Mueller / MSC [CC BY 3.0 de (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/de/deed.en)], via Wikimedia Commons