En termes de mobilisation citoyenne, certainement. Plus d’un million de Français y ont participé activement. Cela constitue un indéniable succès et souligne l’attachement de nos concitoyens au débat politique et à la démocratie délibérative.
En termes de représentativité, c’est plus contestable. Toutes les composantes de la population ne se sont pas impliquées à la même hauteur et avec la même intensité. Il est souvent facile de lire en filigrane les origines politiques et sociales des auteurs des propositions, voire la défense d’intérêts personnels.
Reste pour chacun·e la satisfaction d’avoir été consulté·e, d’avoir pu donner son avis, d’avoir parlé de « sa » France, entendu celles des autres et débattu pacifiquement avec ses voisins. Ce n’est pas rien dans un pays fâché avec le dialogue serein.
Mais ce débat, comme on le craignait, n’a pas fabriqué de consensus national sur les grands enjeux de notre pays et les grands remèdes qu’il faudrait y apporter. Les Français ont dit tout et son contraire. Ils veulent plus de justice fiscale, moins d’impôts, plus de services publics…
C’est peu dire que cette consultation géante ne livre pas sur un plateau les clés de la concorde nationale. Elle témoigne de nos lignes de fracture, mais sans pour autant inciter au pessimisme. Et ce pour deux raisons :
– les débats ont fait remonter des millions de propositions concrètes pour améliorer la vie des Français. On ose espérer que les élus mais aussi et surtout les administrations en feront leur livre de chevet pour les années à venir. Beaucoup de l’efficacité de notre démocratie repose sur celle de notre système public ;
– la nécessité d’une transition écologique ambitieuse est le point de consensus entre les Français. Il est temps que le politique le comprenne et s’y investisse pleinement.
Jean-Marc Salvanès
Photo : Olevy [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons