Nos politiques, d’habitude si soucieux de garder leurs sièges le plus longtemps possible, feraient-ils œuvre généreuse ? On peut hélas penser que non et que, s’ils le font, c’est pour trois mauvaises raisons.
D’abord, une question de vivier. Les successeurs directs ou indirects de Mitterrand et Chirac n’ont su ni arbitrer entre baby-boomers et nouvelles générations, ni offrir une réponse crédible aux classes moyennes impactées par les défis du numérique, de la mondialisation et du dérèglement climatique. Et, au jour des scrutins, les bons candidats font défaut.
Ensuite, une sous-valorisation de l’enjeu même de l’élection européenne, qui conduit à négliger le facteur de l’expérience. Le Parlement européen n’est pas seulement le lieu où se tiennent de grands débats de société, c‘est aussi une instance très technique. La connaissance des sujets demande du temps, de l’expertise et de l’expérience. Dans beaucoup de pays européens, dont l’Allemagne et l’Espagne, les partis sélectionnent scrupuleusement leurs candidats et leur demandent de faire plusieurs mandats européens consécutivement. Leurs élus sont capables d’un lobbying efficace, dépassant le stade de simples figurants.
Enfin, ce « jeunisme » est sans doute une vaine tentative de retrouver de la popularité par la séduction. Mais séduire n’est pas convaincre. Or, nos compatriotes préfèrent la preuve à la promesse, la capacité réalisatrice à la séduction. Plus que jamais les Françaises et les Français sont attachés au poids des contenus, des réalisations et à la crédibilité de ceux qui les représentent.
Engagement durable, expérience solide, expertise notable. N’est-ce pas ce que nous sommes en droit d’attendre de nos députés européens ? Au lieu de cela on nous propose séduction, impréparation et idéologie. Cherchons l’erreur.
Jean-Marc Salvanès
Photo : François-Régis Salefran [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], from Wikimedia Commons